Monday, April 9, 2012

Bad Science : lutter contre la "mauvaise" science

Je viens de terminer la lecture de Bad Science de Ben Goldacre. Je ne peux que vivement recommander ce livre - dont il n'existe malheureusement pas de traduction française. Si le temps vous manque, vous pouvez regarder la présentation TED "Battling bad science", qui dure moins de quinze minutes.

En résumé, Ben Goldacre est un médecin britannique, passionné par son métier et par la science en général. Sa capacité de vulgarisation et son humour rendent la lecture de son livre passionnante. De nombreux sujets liés à la santé sont abordés : la détoxication, les produits de beauté, l'homéopathie, l'effet placebo, les nutritionistes, les compléments alimentaires, les antioxidants, la médecine fondée sur les faits (evidence-based medicine), les (bons et mauvais) essais cliniques, les biais cognitifs ("Pourquoi les gens intelligents ont des croyances stupides"), la statistique et bien d'autres encore. Le but de son livre est d'éduquer, mais aussi de dénoncer la manière dont la science est représentée, de manière erronée, dans les médias grand public. Goldacre ne mâche pas ses mots. Sa passion est évidente. Il n'hésite pas à attaquer vigoureusement quelques personnes en particulier (Gillian McKeith, Patrick Holford et Andrew Wakefield, entre autres). Evidemment, la médecine alternative en prend pour son grade, mais la médecine conventionnelle aussi. L'industrie pharmaceutique, notamment, n'échappe pas aux critiques de Goldacre, à qui on ne peut donc pas reprocher de ne pas balayer devant sa porte.

Un passage, dans le dernier chapitre, a tout particulièrement retenu mon attention (traduction approximative par mes soins) :
"(...) mais il y a aussi eu une accélération de la complexité [de la science], récemment. Il y a cinquante ans, vous pouviez expliquer le fonctionnement d'une radio AM sur le dos d'une serviette en papier, en utilisant uniquement des connaissances scientifiques scolaires, et vous pouviez construire un récepteur à cristal quasiment identique à la radio de votre voiture dans une salle de classe. Lorsque vos parents étaient jeunes, ils pouvaient réparer leur voiture et comprendre la science qui se cachait derrière la plupart des technologies qu'ils rencontraient dans la vie courante, mais ça n'est désormais plus le cas. De nos jours, même un geek aurait de la peine à expliquer comment son téléphone mobile fonctionne, parce que la technologie est devenue plus difficile à comprendre et, donc, à expliquer (...)"
Le message de Goldacre dépasse donc le domaine de la santé. C'est bien toute la science qui est devenue complexe et le besoin de la vulgariser se fait de plus en plus cruellement ressentir. En tant que scientifique, c'est un sujet qui me travaille depuis des années. Parce que de nombreux domaines m'intéressent et que je n'ai pas le temps de les étudier en détail, mais aussi parce que je pense, comme Goldacre, que la société en général pourrait profiter d'une meilleure compréhension de la science.

Je me joins donc à lui dans son appel au "réveil" de tous les scientifiques de ce monde : il est de notre devoir de vulgariser cette science que nous aimons, de l'expliquer aux gens autour de nous, de la rendre accessible, par quelque moyen que ce soit. Aucun effort n'est inutile. Chaque pas dans la bonne direction compte.

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